Nouvelle acquisition

Maurice Denis, La maison de cure de Palavas-les-Flots, vers 1936

Fondateur en octobre 1888 du mouvement Nabi, avec Pierre Bonnard, Maurice Vuillard, Paul Sérusier, Paul-Elie Ranson, qu’il rencontre la même année après avoir intégré l’académie Julian, Maurice Denis devient rapidement le héraut de ce groupe marqué par l’influence de Paul Gauguin, un fort mysticisme et un goût prononcé du décor. Il publie notamment en 1890 dans la revue Art et Critique l’article « Définition du Néo-Traditionnisme », dont un passage est resté célèbre : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » Surnommé « le nabi aux belles icônes », ayant découvert très jeune l’œuvre de Fra Angelico au musée du Louvre, Maurice Denis regarde à nouveau les primitifs italiens lors d’un voyage dans la péninsule entre 1895 et 1898, qui l’inspirent dans son traitement archaïsant et simplifié des figures, ainsi que dans la palette colorée.

L’esquisse plus tardive de l’artiste que le musée Fabre vient d’acquérir correspond au travail préparatoire de l’un des trois panneaux principaux de la décoration de la Salle du Conseil des Hospices Civils de Saint-Etienne, effectués en 1936, et encore visible in situ. En 1933, Maurice Denis est sélectionné pour orner les murs des nouveaux pavillons à travers une composition symbolisant les bienfaits de la médecine hygiéniste, des décors aujourd’hui classés au titre des Monuments Historiques. Trois établissements dépendant des Hospices sont ainsi figurés : l’aérium de la Sablière à la Talaudière pour les hommes affaiblis, le préventorium de Riocreux pour les jeunes femmes, et la maison de cure hélio-marine de Palavas-les-Flots pour les enfants tuberculeux. Ce dernier thème est l’objet de notre esquisse, où sont représentés des personnages allégoriques contribuant à la santé, peints devant les grands rideaux : à gauche, la Ville de Saint-Etienne avec ses armoiries, l’Infirmière, et un Paysan présentant les produits de ses cultures, fruits et légumes, privilégiant une nourriture naturelle ; à droite, un Pêcheur relevant son filet, et une femme nue au soleil symbolisant la Vie. Outre la qualité de sa composition, au deux grands rideaux ouvrant sur un bord de mer, ette esquisse donne à voir une iconographie qui se réfère à un moment important de l’histoire locale, depuis la création, en 1890, de l’Institut Hélio-Marin Saint-Pierre. Le sanatorium pour enfants malades fut par la suite inauguré en 1918 par un Comité montpelliérain et fit la réputation de la station balnéaire de Palavas-les-Flots.

Maurice Denis

Maurice Denis, La maison de cure de Palavas-les-Flots, vers 1936, huile sur toile, 28 x 100 cm, don de la Fondation d’entreprise du musée Fabre