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Le musée Fabre au XXe siècle

En 1871, Ernest Michel (1833-1902) est nommé conservateur du musée et un peu plus tard directeur de l’école des beaux-arts, où il est professeur de dessin. C’est lui qui réorganise les collections agrandies par les dons successifs et logées trop à l’étroit dans le bâtiment primitif, par un agrandissement finalisé en 1878.

C’est ce nouveau musée que découvrent Van Gogh et Gauguin en décembre 1888, admirant particulièrement les tableaux de la collection Bruyas : « Dis cela à de Gas [Degas], écrit Van Gogh à son frère Théo, que Gauguin et moi avons été voir le portrait de Brias [sic] par Delacroix à Montpellier car il faut hardiment croire que ce qui est est, et le portrait de Brias [sic] par Delacroix nous ressemble à toi et à moi comme un nouveau frère ».

Conscient de la richesse des collections, Michel entreprend la publication d’un premier catalogue des collections, et poursuit une riche politique d’acquisitions, de dons et de legs : Le Héron aux ailes déployées et la Vue de village font notamment leur entrée au musée tout comme Les Lutteurs d’Émile Friant en 1895.

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Au début de l’année 1902, Michel se retire après trente et un ans de service et la Ville nomme en juin Georges d’Albenas qui s’accorde avec la ville pour que soient transférés les locaux du lycée permettant ainsi à la bibliothèque et au musée d’envisager la conquête de nouveaux espaces, ce qui a lieu en 1911.

En 1914, André Joubin, chargé des cours d’histoire de l’art à la faculté des lettres de Montpellier devient conservateur du musée alors fermé à cause de la guerre. Celui-ci déclarait : « un musée moderne ne peut pas se contenter d’être une glorieuse nécropole ; il doit être avant tout un organisme vivant, il doit présenter au public un reflet des luttes et des efforts des artistes contemporains pour exprimer la vision de leur temps et pour dégager la beauté de la vie quotidienne. Un musée, surtout en province – maintenant que la vie artistique s’est tout entière concentrée à Paris –, devrait s’ouvrir largement à l’art contemporain. C’est là, je le sais, la partie la plus délicate et la plus difficile de son œuvre ».

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Entre les deux guerres, grâce à l’action de Louis Guigues (1873-1943), un ancien praticien de Rodin à la tête du musée, et Pierre Azéma (1891-1967), adjoint aux beaux-arts, le musée Fabre s’engage dans une politique d’achats et de dépôts en direction de l’art moderne. 

Plusieurs œuvres des « peintres de la Réalité poétique font ainsi leur entrée dans les collections, mais aussi, de façon plus audacieuse, des artistes tels que Suzanne Valadon, en 1938, avec Route dans la forêt de Compiègne, et, l’année suivante, Van Dongen avec le Portrait de Fernande Olivier. Lors du second conflit mondial, l’évacuation des collections (à Saint-Guilhem-le-Désert, à Meyrueis en Lozère et à Vabres dans le Cantal) entrave quelque peu la mutation encore timide qu’était en train d’opérer le musée.

En 1943, Henri Matisse, déjà présent au musée avec la Nature morte aux couteaux noirs présentée au Salon d’automne de 1904, offre la belle série de « Thèmes et variations ». Au même moment, Pierre Soulages, originaire de Rodez, élève de l’école des beaux-arts installée au rez-de-chaussée du musée Fabre, s’imprègne des collections, en particulier des Espagnols – Campaña, Zurbarán –, mais aussi des Courbet et des Delacroix de la collection Bruyas.

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Au lendemain de la guerre, Jean Claparède (1900-1990) – conservateur de 1945 à 1965 mais ayant débuté son travail au musée dès 1939 –, entreprend un rigoureux travail d’inventaire et d’étude des fonds.

Souvent conseillé par le peintre François Desnoyer, il s’attache aussi à ouvrir le musée à l’art moderne en achetant entre autres des œuvres de Robert Delaunay et d’André Lhote.

Par la suite, plusieurs expositions initiées par Georges Desmouliez, adjoint aux beaux-arts de la Ville, et des achats, tel Ménerbes de Nicolas de Staël en 1984, tenteront d’ancrer définitivement le musée dans l’art de son temps.