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Les Origines : de la Société des Beaux-Arts de Montpellier au musée révolutionnaire

Au siècle des Lumières, Montpellier connaît une vie intellectuelle intense au travers notamment d’institutions prestigieuses, comme la faculté de médecine et la Société royale des sciences. Siège du gouvernement général, de l’intendance, de la Cour des comptes, Montpellier devient ville administrative en accueillant à partir de 1736 les États du Languedoc. On assiste indéniablement à la montée en puissance d’une élite éclairée qui entend promouvoir les arts dans la ville.

Dès 1778, une trentaine de « curieux », amateurs d’art ou « connaisseurs » se rassemblent en vue de créer un établissement utile au public montpelliérain sous le nom de Société des beaux-arts. Parmi eux figurent des aristocrates comme des ecclésiastiques, des hommes de l’administration royale comme des bourgeois et des négociants.

La Société des beaux-arts se fixe deux objectifs principaux : le développement de l’enseignement artistique et la promotion des arts par le biais d’expositions. Des cours gratuits de dessin sont dispensés dans les locaux de l’ancien collège des Jésuites, aujourd’hui bâtiment d’entrée du musée Fabre.

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Une fois par an, on procède à une cérémonie de remise de prix afin de développer l’émulation parmi les élèves. C’est à cette même période que la Société organise des expositions qui sont autant d’occasions de montrer les travaux des professeurs et des élèves, ainsi que des œuvres des meilleurs artistes parisiens du moment, Jean-Baptiste Greuze, Jean Antoine Houdon ou Jacques Louis David, puisées dans des cabinets privés.

L’organisation de ces expositions est confiée à un personnage essentiel   de la vie montpelliéraine de la fin du XVIIIe siècle : Abraham Fontanel. Né à Mende en 1741, il s’installe à Montpellier en 1772 où il obtient une maîtrise de libraire. Sa boutique, rue du Gouvernement, dénommée « Au rendez-vous des Artistes », devient vite le point de ralliement de tous les « curieux » de la ville. Homme de goût respecté, Fontanel prend une part active dans la création de la Société des beaux-arts en tant que garde des plâtres, dessins et modèles, embryon en quelque sorte de la future collection municipale.

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Sous la Révolution, un Muséum du département est fondé en 1795 pour « servir à l’instruction publique ». Il rassemble les toiles héritées de la collection de la Société des beaux-arts et à l’afflux de nombreux tableaux saisis dans les églises et couvents de la ville, provisoirement entassés au collège des Jésuites. 

En septembre 1802, grâce à l’intervention de Jacques Bestieu, directeur du musée, Montpellier est dotée par arrêté consulaire d’un envoi d’une trentaine de tableaux avec une belle série de morceaux de réception à l’Académie royale de peinture et de sculpture allant de 1665 à 1759 et quelques tableaux d’histoire dus à Palma le Jeune, Jean Raoux, Joseph Marie Vien, Antoine Coypel. 

Ainsi se constitue sous l’Empire un modeste musée municipal qui ouvre ses portes en janvier 1809 à l’hôtel de Crozals, place Brandille (actuelle place Pétrarque), transféré en 1814 dans l’hôtel de Belleval, siège de la mairie, place de la Canourgue. 

Le musée municipal, amputé de nombreux tableaux à cause des restitutions de la Restauration, n’aurait pas pu à lui seul assurer la gloire de Montpellier si n’était intervenue, contre toute attente, l’action d’un enfant du pays passé par les bancs de la Société des beaux-arts : François-Xavier Fabre.