L'Enfileuse de perles

© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole - photographie Frédéric Jaulmes

MIERIS Frans van dit l'Ancien (Leyde, 1635 - Leyde, 1681)

L'Enfileuse de perles

1658

Huile sur bois

H. 23 cm; l. 18,30 cm (sans cadre)

H. 44 cm; l. 39 cm; E. 12 cm (avec cadre)

Legs Antoine Valedau, 1836

inv. 836.4.39

Salle 5

Ce tableau a appartenu au grand collectionneur hollandais Diederik van Leyden (1744-1810), plus tard au célèbre Talleyrand – comme celui de Paulus Potter (Trois vaches au pâturage, inv. 836.4.47) – avant d’être acquis par Antoine Valedau. Frans van Mieris était déjà de son vivant un des peintres les plus prisés, comme son maître Gerrit Dou. Sa composition s’inspire de Gerard ter Borch : la figure principale occupe amplement le premier plan, assise, tandis que ce qui l’entoure reste dans l’ombre, sans distraire... l’attention. Mieris a appris dans l’atelier de Dou à Leyde une technique d’une virtuosité précise et illusionniste, lisse et miniaturiste, égale à celle de son maître. Parmi les fijnschilders (peintres fins), Dou considérait Mieris comme le « prince » de ses élèves. Ce talent, qui n’échappa pas plus tard à l’écueil de la sécheresse, est à son meilleur dans ce tableau de 1658 qui est d’ailleurs contemporain d’un autre chef-d’oeuvre, Le Duo du musée de Schwerin (Staatliches Museum). Le coloris est froid, en dépit de l’admirable rouge du tapis d’Orient et du vermillon de la manche de la jeune femme que l’on retrouve d’ailleurs, avec les passementeries d’or et d’argent, chez la claveciniste de Schwerin : gris taupe du siège, rubans bleus, argent de l’aiguière. Le caractère précieux et sophistiqué de cette oeuvre de petit format destinée aux très riches clients de Mieris est bien dans l’esprit du sujet : dans sa chambre dont on distingue le lit à colonnes, une belle jeune fille riche et élégante, en présence de sa servante, est occupée à enfiler les perles sorties d’une délicate boîte en laque japonaise posée sur un tapis persan. Le regard qui nous relie à la scène reste mystérieux ; le coloris froid nous impose une distance. Ce tableau est d’une beauté cristalline et irritante, un chef-d’oeuvre très singulier.

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Bibliographie

Expositions

1939, Les chefs-d'oeuvre du musée de Montpellier
Musée de l'Orangerie, Paris, Mars 1939 - Avril 1939
n° 118, p. 84
1939, Meisterwerke des Museums in Montpellier
Kunsthalle, Berne, 15 juin 1939 - 24 août 1939
n° 95, p. 23
1998, Reflets d'un siècle d'or : tableaux flamands et hollandais du Musée Fabre
Institut néerlandais, Paris, Musée Fabre, Montpellier, 2 avril 1998 - 20 septembre 1998
n° 35, pp. 128-132
2006, Chefs-d'oeuvre du musée Fabre de Montpellier
Fondation de l'Hermitage, Lausanne, 27 janvier 2006 - 5 juin 2006
n° 25
2012-2013, Vermeer : il secolo d'oro dell'arte olandese
Scuderie del Quirinale, Rome, 27 septembre 2012 - 20 janvier 2013
n° 31
2015-2016, Asia in Amsterdam : The Culture of Luxury in the Golden Age
Rijksmuseum, Amsterdam, Peabody Essex Museum, Salem, Massachusetts, 17 octobre 2015 - 5 juin 2016
n° 52b (uniquement Amsterdam)