Guirlande de fleurs avec l'apparition de la Vierge à l'Enfant à saint Léopold

La collaboration sur une même oeuvre de plusieurs peintres spécialisés est chose courante en Flandres au XVIIe siècle. Cette spécialisation dans des sujets précis et très variés (personnages, fleurs, animaux, paysages, architecture) répond à un engouement pour la représentation de la réalité dans toute sa diversité. Cette collaboration favorise la qualité d’exécution des parties qu’un seul peintre n’exécuterait pas toutes avec le même bonheur. Seghers peint les fleurs et Diepenbeeck le camaïeu en manière de... bas-relief qui est dans le cartouche central. Ce chef-d’oeuvre de 1647 sera offert l’année suivante à l’archiduc Léopold-Guillaume d’Autriche (1614-1662), gouverneur des Pays-Bas espagnols, lors de sa visite au couvent des jésuites d’Anvers. En l’occurrence, le cartouche représente l’apparition miraculeuse de la Vierge à l’Enfant au saint patron de l’archiduc, saint Léopold (1073-1136), lui-même margrave d’Autriche. Seghers, formé chez Jan Brueghel de Velours (1568-1625), puis entré chez les Jésuites, modernisa les guirlandes de fleurs continues de son maître en les groupant par festons devant un édicule architecturé baroque : dans ses compositions plus spectaculaires, il relie de manière dynamique et équilibrée ces festons par le jeu des tiges et des couleurs. Ses fleurs d’une grande vérité et d’un grand relief sont peintes en pleine lumière sans effet d’ombre noircie. Diepenbeeck est l’auteur de tableaux d’autel rubéniens, ainsi que de vitraux pour les églises anversoises et de camaïeux destinés à être gravés : son style suave et efficace correspondait parfaitement à la piété flamande. Les deux peintres parviennent à rendre sensibles les qualités opposées des matériaux : la légèreté, la fragilité des fleurs fugaces dont la symbolique exalte les vertus de la Vierge et du saint ; la solidité minérale du bas-relief en trompe l’oeil qui décrit le miracle.